Samedi 12 mars matin, la salle Joël-Bats grouille de monde, chacun s'active non pas en vue d'une rencontre sportive mais pour recueillir les dons collectés au profit des victimes du conflit en Ukraine : matériel médical, produits de première nécessité, vêtements chauds, couvertures, piles, lampes torches… la mobilisation est sans précédent et les bénévoles, qui avaient déjà été mobilisés pendant plusieurs mois au centre de vaccination, sont toujours sur le pont et trouvent naturellement leur place dans ce nouvel élan de solidarité.
Au milieu d'entre eux, Bruno Federow, un Roncquois qui, en retraçant son arbre généalogique, s'est rendu compte qu'il avait par ses grands-parents des origines Ukrainiennes. C'est donc tout naturellement qu'il a proposé à la municipalité de prêter son drapeau Ukrainien qui, depuis plusieurs semaines, flotte sur la façade de l'Hôtel-de-Ville. « Il y a quelques années j'ai décidé de me pencher sur mon arbre généalogique, et très rapidement je me suis rendu compte qu'une partie de ma famille était originaire d'Ukraine, j'ai donc creusé un peu et depuis je m'y suis rendu à plusieurs reprises, j'ai même retrouvé de la famille là-bas. C'est un superbe pays et ce qui s'y passe en ce moment m'attriste énormément, c'est pourquoi j'ai tout de suite proposé à la Mairie de leur prêter mon drapeau et que je suis aussi présent aujourd'hui pour récolter des dons au profit des victimes Ukrainiennes » nous explique Bruno.
Alors que les dons affluent, une silhouette approche et observe émue ce qu'il se passe, il s'agit de Tatiana Bohun Lecoq, née à Kharkiv, elle est très affectée par ce qu'il se passe actuellement en Ukraine et ne sait retenir ses larmes lorsqu'on lui parle des décombres qui jonchent sa Ville natale : « aujourd'hui je suis détruite, comme ma Ville ». Elle qui est arrivée en France il y a 23 ans dans le cadre de ses études a toujours défendu l'image de son pays et de ses habitants, libres et indépendants. Son père est toujours dans la maison qu'il a lui-même construite et se refuse à la quitter « il est terré dans sa cave, sans chauffage, sans eau, sans électricité, mais il ne veut pas partir. Les bombardements sont incessants, l'angoisse permanente. » Le frère de Tatiana quant à lui a accompagné son épouse et ses deux enfants jusqu'à la frontière polonaise pour leur permettre de fuir vers la France, alors que lui va rester pour combattre cet ennemi imprévisible et insensé.
Très émue, Tatiana salue d'abord la mobilisation générale dont les Ukrainiens sont témoins depuis le début de ce conflit « merci du fond du coeur à tous les Roncquois et les Français pour cet élan de solidarité sans précédent, cela me réchauffe le coeur de savoir que l'Europe et le monde sont avec les Ukrainiens. » et de préciser « la France est prête à accueillir 100 000 personnes, ce seront principalement des femmes et des enfants, alors j'ai envie de dire aux Français que ce sont des enfants qui ont l'esprit ouvert car ils viennent d'un pays libre et développé et que malheureusement ils ne méritent pas leur sort, alors accueillez-les le mieux possible car vous verrez, ces enfants sont absolument attachants, gentils et feront tout pour s'intégrer. Mon fils de 13 ans est champion de judo, il représente haut et fort les couleurs de la France et de sa région : c'est ça l'immigration Ukrainienne, et j'en suis fière. »
Après quasiment 5h de collecte et des rencontres plus émouvantes les unes que les autres, ce sont 80m3 de denrées, produits médicaux, matériel en tout genre qui ont été donnés par plus de 525 personnes qui sont venues déposer leurs dons, individuel ou collectif. Le collège Paul-Eluard a largement participé à cette collecte tout comme la société Chocmod et l'entreprise Demeco qui a fourni des cartons pour empaqueter les biens et les produits donnés.
Une belle matinée de solidarité, remplie d'émotion et surtout d'humain.
