L'auteur et illustrateur, lauréat d'un Grand Prix de la Ville d'Angoulême, a participé à la réfection de sa Fontaine d'Abondance, désormais roncquoise. Il rencontrera les Roncquois à 10h30 dans le cinéma Gérard-Philipe, avant la présentation de son oeuvre restaurée, à 11h30, devant le site de La Source.
« Monsieur Boucq n'est pas là ? » Les peintres venus épauler François Boucq pointent la direction de la Fontaine d'Abondance. Se contorsionnant à l'intérieur de la structure, le papa de l'oeuvre passe une tête entre les circonvolutions, le pinceau à la main. Le coup de frais qu'il a apporté à la sculpture bigarrée a été minutieux cet été. « Elle résiste au temps mais avait besoin d'une bonne restauration. Elle n'a pas forcément été entreposée dans les meilleures conditions par le passé, observe François Boucq, ressorti presque sec (la faute à quelques taches de peinture) de sa Fontaine. Je l'avais créée pour Lille 2004. À l'époque, elle se dressait face à la gare Lille-Flandres, posée dans l'eau. » Après avoir quitté son bassin, la drôle d'invention avait suscité l'intérêt des Roncquois, désireux d'en faire l'acquisition. Le transfert n'avait pas pu aboutir, malgré les efforts de l'équipe municipale d'alors. C'était il y a plus de 20 ans. Le déménagement de cette création et sa cure de jouvence lui redonnent définitivement un nouvel élan !
La vocation de cette sculpture, qui sera présentée aux habitants ce samedi 4 octobre (en amont des Allumoirs), c'est encore l'artiste qui en parle le mieux. Voilà les quelques mots que François Boucq avait rédigés, dans une lettre aux services de la Ville : « Je l'ai conçue avec l'intention qu'elle génère une sensation de bonheur et de gaieté. Une sorte d'explosion de vie, d'abondance par une floraison de couleurs et de formes. » Un « coeur avec ses deux ventricules, avec des tuyaux saugrenus » pour pulser de la légèreté dans une époque qui en manque cruellement.
Figure majeure de la BD
Artiste protéiforme, le Lillois François Boucq est avant tout connu pour son empreinte dans la bande dessinée franco-belge. Il dessine ses premières bulles dans des revues, dès les années 70 : d'abord dans Mormoil, puis dans les incontournables Pilote et Fluide Glacial. Ses premiers albums (en tant qu'auteur et/ou illustrateur), le Nordiste les signe au début des années 80. S'ensuit une carrière prolifique, qui l'a amené à plancher aux côtés d'autres ténors, notamment Alejandro Jodorowsky.
Boucq et « Jodo » collaborent sur deux grandes séries : Face de Lune et Bouncer. « Je me rappelle que pour le dernier album de Face de Lune, on s'appelait chaque matin... On faisait un point et on discutait de ce qui pourrait se passer. C'était un échange ping-pong. Derrière, j'illustrais ce que l'on s'était dit. On créait une page par jour ! »
Autre monstre sacré que François Boucq a côtoyé : Jean Giraud, alias Moebius. Les deux hommes ont même failli travailler ensemble. « Je l'avais croisé dans une expo, je revenais de 15 jours dans l'ouest américain... Je lui ai dit “Je comprends pourquoi tu aimes dessiner ces paysages-là”. Jean m'a alors proposé de bosser sur un Blueberry avec lui. » Le cowboy Blueberry aurait été vieillissant dans ce nouvel opus, pour que François Boucq puisse se distancier du reste de l'oeuvre. « On en a parlé pendant des années, mais ça n'a pas pu se faire. C'est après ça que l'on a fait Bouncer avec Alejandro. Jean m'avait proposé de venir sur son territoire. Je me sentais autorisé à me lancer dans du western. »
En 1998, le Lillois a reçu, pour l'ensemble de son oeuvre, le Grand Prix de la Ville d'Angoulême, à seulement 42 ans. Rejoignant ainsi Franquin (créateur de Gaston Lagaffe – l'une des inspirations de François Boucq), Uderzo (Astérix) ou encore Moebius au panthéon du neuvième art.
La Fontaine d'Abondance sera présentée aux Roncquois ce samedi 4 octobre, à 11h30, devant le site de La Source. Ce même jour, François Boucq vous rencontrera à 10h30 dans le cinéma Gérard-Philipe (sur inscription à La Source, gratuit). N'hésitez pas à venir faire dédicacer vos bandes dessinées.