Plusieurs centaines de personnes ont convergé le 17 janvier en matinée vers la salle Jules-Gilles à l'occasion des voeux de Vincent Ledoux à la population, en présence du député Gérald Darmanin et de nombreux maires du secteur. Après les actes barbares de début janvier, ce moment de communion était aussi destiné « à se réconforter ». Après une intervention lourde de sens, Vincent Ledoux a cédé la parole à Djenneba Keita, originaire du Mali et Adjointe en charge du développement économique de Montreuil, dans la région parisienne, et vice-présidente de la communauté d'agglomération chargée de l'économie sociale et solidaire.

Le premier magistrat roncquois est d'abord revenu sur la très vive émotion partagée par les Français(es) après la tragédie de ce début janvier, évoquant « un vrai problème de transmission des valeurs, de culture » à la lumière de son expérience de professeur stagiaire au collège Van Der Meersch de Roubaix alors qu'il avait 21 ans. « Il ne faut pas amalgamer les religions avec ce qui se passe », a-t-il aussitôt ajouté, « on a besoin de reposer les bases du dialogue de paix ».

Et d'évoquer dans la foulée la nécessité d'une « réforme en profondeur de nos institutions, il faut tirer les leçons de ce qui s'est passé, la France a besoin de trouver de bonnes solutions à ses maux. » Ce sont ces réformes qu'il veut mener à l'échelon local tout en dressant des perspectives, « mais il faut faire cela avec modération ». Paraphrasant Rimbaud, Vincent Ledoux voudrait aussi chausser « les semelles de vent » en s'affranchissant des « étiquettes politiques qui nous plombent. Le trottoir est celui de la République, ce n'est ni le trottoir UMP, ni le trottoir PS ».

" Il faut aider les Maliens"

Autre voeu vibrant, celui de la mutualisation. « Tous les maires présents ici veulent travailler ensemble, quand on regardera quelque chose, on le fera ensemble comme on l'a fait avec Tourcoing pour la restauration, il faut trouver des intelligences de territoire », a-t-il souligné. Vincent Ledoux s'est également fait le chantre du développement économique, en lien avec sa compétence communautaire, « pour nos artisans pour qui la commande publique est essentielle. A Comines France et à Westrozebeke (Belgique), se trouve le leader mondial de la surgélation de légumes frais, il faut valoriser ce potentiel, nous sommes une terre gagnante. » Et d'annoncer que la Ville va continuer à investir en 2015 sans augmenter les bases communales des impôts.

« Le temps est à l'anticipation pour mieux nous adapter au 21^ème siècle», a-t-il insisté. Se voulant plus que jamais fédérateur, il a rappelé qu'on « ne fait pas une ville en additionnant des intérêts particuliers, nous devons vivre au coeur de ce triptyque, Métropole-Région-Nation. »

L'Afrique et le Mali ont été au coeur de ces voeux, annonçant une démarche économique et pédagogique de la Métropole en faveur de la région de Kayes : « il faut aider les Maliens, on a développé à Sélinkégny le social, le sanitaire mais il y manque le progrès économique. On ne peut pas laisser vingt frères de Sélinkégny mourir en Méditerranée comme cela a été le cas durant l'été dernier sans réagir ».

Djenneba Keita a pleinement souscrit à cette démarche de Vincent Ledoux. « La coopération décentralisée est à placer sur le terrain économique », a-t-elle ajouté, « des Maliens vivent dans la misère, sans électricité, sans eau et sans nourriture, ils ont alors forcément envie de venir chez nous et cela ne peut pas se faire sans développement économique. Aidons-les à vivre chez eux, je crois au bien vivre ensemble, à la cohésion sociale, à la laïcité, à l'échange entre les peuples », ayant une dernière pensée pour Tignous, le dessinateur de Charlie Hebdo dont les funérailles se sont déroulées dans sa commune.

Une vibrante Marseillaise entonnée par l'ensemble du public a ponctué ce moment de rassemblement où ont été échangés des voeux de santé et de prospérité. (Ph. Th. Thorel)