Sport

Agathe garde la tête sur les épaules et sourit à la vie

Vendredi, 24 Août 2018 17:34

Deux événements sportifs ont bousculé la quiétude du beau mois de juillet roncquois : la victoire de la France au Mondial de foot et celle d'Agathe Penet au championnat de France du 400 mètres haies chez les cadettes, en une minute et 60 centièmes. A tout juste 17 ans, licenciée à l'Athlétisme Halluin Val de Lys depuis cinq ans, Agathe fait preuve d'une belle maturité et d'une force mentale qui lui permet de maîtriser ses émotions. Cette jeune championne nationale en or, consciente de la valeur exemplaire de sa performance, fait la fierté de sa famille, de ses ami(e)s mais aussi de toute la ville.
A la terrasse du jardin pimpant de la maison familiale, à un jet du collège Eluard, Agathe ne cesse de sourire à la vie. Son bonheur de l'exploit accompli rayonne au coeur d'une famille unie. « J'aurais dû monter sur le podium avec mes parents, mes grands-parents, mes entraîneurs (club et lycée), mes ami(e)s, tant je leur dois beaucoup », reconnaît-elle avec empathie.
Elle a multiplié les pratiques sportives depuis sa plus tendre enfance, danse classique et danse moderne, gym, natation et un peu plus tard, à 12 ans, l'athlétisme. « Ce n'était pas dans l'optique de performer », reprend-elle aussitôt, évoquant son papa longtemps footballeur et aujourd'hui triathlète sous les mêmes couleurs de l'AHVL, « c'est venu de moi-même ». Tout a commencé par le sprint puis, par curiosité, elle a essayé les haies. « La technique du saut de haie m'est venue naturellement, mon entraîneur m'a proposé d'essayer en avril dernier un seul 400 mètres haies lors d'une compétition académique de niveau régional qui s'est avéré concluant. J'ai donc persévéré ».

Les séances d'entraînement sont rudes, à raison de deux heures par jour en fin d'après-midi, après les cours de 1ère qu'elle a enchaînés au lycée César Baggio en section sport/études. Pas question en effet de faire l'impasse sur l'obtention du Bac S, l'objectif prioritaire de l'année à venir. Le travail acharné finit par payer : elle aligne des performances de niveau national comme à Lens le 1er juillet où elle conforte son 2ème temps national en 62''50'. « C'est dur parfois, la souffrance est présente mais je ne regrette rien. Je me suis toujours dit que j'avais un podium à jouer lors de ce championnat de France ».

« La ligne franchie, je ne parvenais pas à réaliser »

Les 21 et 22 juillet, c'est l'heure de vérité à Evry, en région parisienne. Elle s'adjuge le premier jour le meilleur temps des séries et renforce son statut d'outsider. « J'étais totalement paniquée avant le départ de la finale et puis je me suis enfermée dans ma bulle en visant mentalement le podium », se souvient-elle. Durant la course, au couloir 3, elle décide de suivre la championne de France en titre avant de prendre son envol dans la dernière ligne droite. « La ligne franchie, je ne parvenais pas à réaliser, je cherchais mon entraîneur, mes grands-parents… il y avait plein de journalistes, je savais que je n'avais rien à perdre sur cette dernière course de la saison mais je ne savais pas que j'avais tout à gagner, j'ai pleuré ».
Après des vacances bien méritées, elle reprendra les entraînements en octobre, le temps de récupérer d'une blessure osseuse douloureuse. Depuis sa victoire, elle a intégré le giron de l'équipe de France avec laquelle elle va partager un stage de préparation physique en octobre à Bouloris, près de Marseille. « On va me présenter le haut niveau, la fédération et dès le mois de novembre, je vais passer chez les juniors », reprend-elle, « l'hiver prochain, je vais me donner les moyens de viser des podiums durant la prochaine saison et, bien sûr, de défendre mon titre ».
Pas de quoi déstabiliser la jeune Roncquoise qui sait aussi prendre du recul et garder la tête sur les épaules, consciente que sa victoire est d'abord une victoire collective. « Je ne veux pas me poser trop de questions par rapport à la compétition, je pense d'abord à mon avenir professionnel, je sais que ce ne sera pas facile de gérer les deux ». Agathe ne se prend pourtant pas la tête et préfère afficher son sourire radieux qui exprime un si bel équilibre de vie. (Photos Maxime Delobel et Patrick Bonte)